Biographie de Fréderic
Recueillie par Yoann Giraud
Juin 2009
Je suis Français… aujourd’hui ! Je ne l’ai pas toujours été et en le devenant, je ne renie pas pour autant mes origines, si lointaines… J’ai grandi sur une petite île volcanique, perdue au milieu de l’Océan Indien, au milieu de nulle part. Petite île paradisiaque, ses couleurs illuminent encore mes yeux, ses odeurs chatouillent encore mes narines. Tous mes sens se réveillent lorsque je ferme les yeux et que je retrouve ma merveilleuse petite île.
Nous vivions, mes parents et moi-même, dans un petit village où tout semblait parfait… pour moi ! Les promenades, les baignades et les parties de rigolade ! Mais tout n’était pas si parfait. Mes parents, las de ne plus pouvoir vivre dignement et voulant m’offrir un avenir plus avantageux décidèrent de quitter « mon » île pour un pays lointain qui représentait espoir, richesse… La tristesse de partir, la curiosité de découvrir autre chose, le désir de vivre mieux, tous ces sentiments se bousculaient dans ma tête. Le départ. Puis l’arrivée… Derrière de grandes baies vitrées se pressaient des gens, des voitures, l’inconnu. J’avais laissé le ciel bleu, le soleil éblouissant, les éclats de rire des mes camarades. Je trouvais un ciel gris et pluvieux qui cachait les rayons du soleil, des visages fermés aussi tristes que le ciel.
Une partie de la famille, déjà installée, était venue nous accueillir ; leurs sourires et leur joie me firent comprendre que tout n’était pas perdu. Ils étaient partis eux aussi et ils étaient heureux. Tout avait été préparé au mieux pour notre arrivée. Une petite maison, une école non loin de là, un emploi pour mon père qui « revivait » à nouveau et la famille prête à répondre à tout moment. Les premiers jours ne furent pas simples. Tout était nouveau, tout était à découvrir. Le jour de « ma rentrée » des classes fut déterminant pour les années à venir. Les enfants d’ici comme d’ailleurs sont tous des enfants qui jouent, rient, se disputent, se réconcilient. J’étais le nouveau qu’on aime bien parce qu’il a d’autres histoires à raconter. Les seules difficultés que j’ai sans doute rencontrées sont liées à la langue. Il m’a fallu quelques mois pour pouvoir communiquer dans un français correct. Pendant toute la période où je découvrais chaque jour de nouveaux mots, je me faisais de nouveaux amis attentifs, persévérants.
Mes demandes n’étaient pas toujours bien comprises ou mal interprétées mais on y arrivait.
J’ai grandi, bien grandi, depuis ce jour où j’ai foulé pour la première fois cette terre qui me paraissait si hostile à mon arrivée.
J’ai eu de la chance de rencontrer une majorité de personnes sympatiques, avenantes. Il y a eu quelques « bleus » mais je suis encore là aujourd’hui. Je suis fier de mes origines, je suis fier de ce que je suis devenu.
J’ai pu constater que nous sommes tous différents, que nos histoires, nos croyances, nos modes de vie sont différents mais que nous sommes également tous semblables…
Nous sommes des Hommes.