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LEON, L'ONCLE INSTALLE EN ALLEMAGNE
Léon, le plus jeune frère de mon père, était né en 1882. Il a fait des études de pharmacie, mais a attrapé la tuberculose. Il est allé se soigner à Davos, en Suisse, où il a connu sa future femme, puis il a fait un stage à Saint-Biaise, dans la Forêt Noire. En 1910, je crois, l'officine de la ville était à vendre, il a sauté sur l'occasion.
La nationalité allemande n'existait pas avant 1918. L'Alsace était "terre d'empire", "Reichsland". Vint la victoire française de novembre 1918 et donc le retour de l'Alsace à la France.
Léon était alsacien : il fut "réintégré de plein droit" comme tous les Alsaciens nés soit avant, soit depuis 1871. Mais comme habitant de la région de Bade, il devenait aussi citoyen allemand de la toute jeune république d'Allemagne. Il garda la double nationalité jusqu'en 1935. Par suite du développement du nazisme et des pressions politiques notamment sur ses enfants, il finit par renoncer à la nationalité française en 1935.
Même pendant la période difficile, après 1933, l'oncle Léon est venu plusieurs fois, à Thann, voir son frère. Il ne conduisait pas ; il avait un chauffeur et une Mercedes. Il nous disait, avec son fort accent : « On a paaassé par Bâââle ». Il passait par Bâle parce que, comme ça, les autorités nazies ne savaient pas qu'il venait en France. Ses enfants, mes cousins, sont venus en vacances une fois au moins dans l'Ain avec nous, quand ils avaient 12-13 ans.